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la chance.

l’éclat de deux yeux, la chaleur d’un cœur, et le mouvement, et la peine, et la joie, et la souffrance, et le bonheur, et tout ce qui fait la beauté de la vie.

Devant la destinée pleine de mystérieux points d’interrogation, une fillette fut terrifiée, et, plutôt que d’entrer en lutte avec elle, elle préféra mourir comme cela, tout de suite, sans en savoir plus long.

À dix-neuf ans, une enfant désespéra.

Pauvre petite !

Elle se nommait Fernande, et la raison de sa tragique résolution fut qu’elle venait d’échouer à un examen de chant au Conservatoire… Cela suffit pour qu’elle doutât d’elle-même à tout jamais… Elle se coucha dedans un lit bien blanc, et, crispant dans ses menottes un vilain joujou qui n’est pas fait pour les petites filles, elle tua sa beauté, elle tua ce qui fait que l’on adore les enfants… Elle tua la merveilleuse espérance.

Ah ! la lugubre histoire.

Est-il croyable qu’une imagination de dix-neuf ans soit desséchée au point de ne pas connaître la foi…, cette belle foi radieuse de la jeunesse qui bouscule les obstacles et s’envole vers le ciel ? À cet âge, cependant, tous les hommes semblent des princes Charmant et