Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/269

Cette page a été validée par deux contributeurs.
253
faisons de notre vie un rêve.

faisons de notre vie un rêve.

ces dons du pittoresque et de la mimique qui sont en elle.

Pôvre de moi, dit-elle en riant à pleine gorge, les mains en mouvement, les r vibrant en cascade, j’ai dîné, hier, chez ouné grande dame, aux côtés de son Altesse le prince de Monaco. Les Parisiennes, avec leurs diamants, leurs perles, leurs robes en or et en argent, leurs chéveux en forêt, étaient éblouissantés. Ah ! mon prince a dû trouver sa voisine laide, mais laide, mais laide !…

Cette idée la secoue d’une gaieté joviale, dans laquelle n’entre pas une parcelle d’envie pour ces belles personnes.

Sans grande transition, elle se met à parler avec une égale bonne humeur, un intérêt aussi vif des philosophes :

— Ah ! monsieur Faguet fera une conférence sur Niétzsché ! Je voudrais l’entendre, ce cher M. Faguet, j’aime tant son talent.

Puis, éclatant de rire sous une réflexion soudaine :

— Peut-être, il racontera l’histoire du mouchoir.

Et, très amusée, la voilà mimant l’aventure :

Un jour, la mère de Nietzsche laissa tomber à terre son mouchoir. Comme un bon fils, il commence à se baisser pour le ramasser ; comme