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la femme.

Si Matilde Serao rêve, son imagination prend sûrement une forme active.

« Rêvons, écrit-elle, rêvons jusqu’à la mort, non d’être heureux nous-mêmes, mais de rendre heureux ceux qui nous entourent. »

C’est-à-dire, donnons notre cœur, l’étincelle de notre flamme, et le meilleur de nous, et nous trouverons le bonheur.

Ce rêve généreux rayonne de la petite boule ronde qui porte nom Matilde Serao, et, si le premier aspect semble vulgaire, on est frappé de lumière subite dès que la vie circule sur l’expressif visage. Une singulière beauté anime ses traits et l’on ne voit plus que l’intelligence, l’esprit, le cœur, qui s’y jouent, s’y bousculent dans le plus charmant désordre.

Matilde Serao trouve d’innombrables sujets à se divertir, et c’est pourquoi elle est si gaie. Tout l’intéresse et la passionne : l’existence des humbles, le sort des grands, la question sociale, notre littérature, les écrivains, les femmes, Paris et l’Italie. Sa conversation, agitée comme la mer, roule des vagues et, sous leur écume jaillissante, on devine une profondeur infinie. Elle parle notre langue en perfection et y ajoute je ne sais quelle saveur qui provient de l’accent, des intonations chantantes et traînardes, et de