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l’esprit de tolérance.

dans les régions ensoleillées du Midi, où les têtes prennent feu à la moindre étincelle ; ou encore dans les régions sages et équilibrées du Centre. Et ce serait, avouez-le, d’un goût fâcheux que de vous traiter de « sotte Méridionale » ou « d’empotée du Nord », simplement parce que vous y vîtes le jour : car, si on est libre de façonner son caractère en beauté et en bonté, on ne l’est pas de naître ici ou là, et, par toutes les forces de l’instinct, on subit les influences, transmises d’âge en âge, par la bonne terre nourricière qui supporta vos premiers pas.

Ce n’est point davantage de votre faute, cousine, si la Providence vous donna des parents élevés dans a religion où le Christ prononça cette parole admirable : « Aimez-vous les uns les autres. » Vous auriez pu naître dans une famille où l’on honore pieusement la Bible, ou dans celle où l’on attend toujours la venue du Messie ; et ce serait, il me semble, agir vilainement que d’insulter, en la personne de ses fidèles, une religion qui a sa grandeur, ses traditions et ses martyrs.

On ne choisit guère, à moins de grâce spéciale, sa religion, pas plus qu’on ne choisit la forme de son nez, le lieu de sa naissance, sa nationalité, et la couleur de sa peau ; et j’éprouve