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la femme.

Combien avez-vous connu de jeunes personnes frivoles et charmantes qui n’arrivent point à comprendre qu’un mari préfère travailler au coin du feu, auprès d’une femme tendrement aimée, plutôt que de traîner avec elle bals insipides et soirées vaines ?… Combien avez-vous connu d’hommes intransigeants qui ne respectent point, en leurs femmes, certaines croyances discrètes qui ne gênent personne et mettent leur âme en paix ?

Lorsque l’intolérance montre le bout de son nez, cousine, il n’y a point de délits qu’elle ne commette ; bientôt, elle envahit les coins les plus mystérieux du cœur, elle viole l’intimité de la pensée, elle saccage le jardin secret des sentiments, elle trouble les ménages les mieux unis, elle bouleverse les solides amitiés, elle offense les opinions sincères, et passe à la manière de ces bourrasques qui s’abattent en grêle et dévastent, sur leur passage, les moissons dorées, les fruits murs et les tendres fleurs. L’intolérance va si loin, cousine, qu’elle fait, parfois, un crime de choses dont on ne saurait être responsable, n’ayant pas eu la faculté de les choisir.

Ce n’est point de votre faute, n’est-ce pas ? si le destin vous fît naître dans les pays brumeux du Nord, où la pensée est profonde ; ou bien