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la femme.

des différences d’âge, d’éducation, de naissance, de race, de caractère, de tempérament, de milieu et qui sont à un individu ce que l’ombre et la lumière, la montagne et les plaines, les lacs et la mer, sont à la nature prodigieusement divine.

Quand je dis j’admire, vous comprenez, cousine, que c’est une façon de parler. Il est plus exact de confesser que la chose m’étonne. Que l’on tienne à ses opinions, rien ne me semble plus juste et plus digne à la fois, car, lentement, elles sont entrées en nous par atavisme d’abord, par ambiance ensuite, puis, par la volonté qu’on eut de les choisir, parce qu’on les croyait bonnes ou généreuses et qu’elles cadraient parfaitement avec les idées dont notre enfance fut imprégnée… Mais, justement en raison des causes multiples qui forment le jugement particulier de chaque être vivant, et dont quelques-unes peuvent échapper à notre entendement, la sagesse la plus élémentaire commande de respecter toutes les opinions, même celles qu’on ne partage pas, pourvu — c’est là l’essentiel — qu’elles partent d’un cœur sincère et vraiment épris de vérité. Or, ma cousine, dites-moi, je vous prie, combien de femmes, parmi vos amies, sont, douées du bienveillant esprit de tolérance ?