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songez au colonel.

quête de la Chine », un jeu guerrier de l’invention du colonel, ne criaient plus sous les fenêtres de la maniaque… Tout le monde s’aima ou, du moins, le crut. Non content de ses premiers succès, le colonel organisa des concerts de bienfaisance, où chacun prêta son talent ou sa bonne volonté ; pour l’instant, il élucubre le plan d’un bal travesti, où tous les costumes seront de papier ! Le prestige du colonel grandit chaque jour. Les nouveaux venus ne respirent qu’après lui avoir été présentés, formalité peu douloureuse ; on ne jure que par le colonel ; il est l’espoir, le commencement et la fin de tout plaisir…, et il ne règne sur ces gens divers de naissance, d’éducation et d’âge, que par cette admirable qualité toute française : la bonne humeur !

Veuillez arrêter un instant votre pensée sur ce prodige, cousine, et dites-moi si vous n’y trouvez point un symbole salutaire.

Avant l’arrivée du colonel, l’hôtel semblait un corps sans âme, et cependant, les objets, les lieux, les êtres, présentaient le même aspect, les mêmes beautés, les mêmes défauts… Mais l’étincelle n’avait pas jailli, et c’était l’ombre de toutes ces choses que, seule, on apercevait.

Par la grâce d’un peu de gaieté et de bonté,