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la femme.

Et, le conduisant auprès d’une jeune fille :

— Mademoiselle, je vous présente M. X…

On rit, la glace était rompue et la sauterie fut d’une gaieté charmante.

Le lendemain, le colonel, qui possédait déjà une demi-douzaine d’intimes, décida qu’il allait inaugurer une « semaine sportive » : match de tennis, match de courses pédestres, ascensions dans la montagne, pique-nique sur l’herbe. Il offrit des prix et, ne pouvant les donner tous, en toute simplicité, il les sollicita. Chemin faisant, il apprit que le jeune homme pâle, compagnon de la dame aux trente-deux toilettes, était un officier blessé à la guerre, qui profitait de son congé de convalescence pour faire avec sa jeune femme, son vrai voyage de noces. Il devint le héros de toutes les fêtes et l’on s’aperçut que baronne russe, — car elle était baronne et Russe, — malgré sa beauté, son élégance et son chat, était une créature distinguée et spirituelle.

Ce fut, pour tout le monde, une ère de bonheur. Aux repas, les fenêtres s’ouvrirent. Le colonel, en coquetterie avec la vieille demoiselle, par un ingénieux système de paravents, avait su l’isoler de ses courants d’air imaginaires, et, d’ailleurs, — ô miracle ! — elle ne les sentait plus. Les enfants, fort occupés par la « Con-