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songez au colonel.

merce, qu’ils sont tous de grands enfants qu’il faut mener au feu et, souvent, ne savent ni se battre, ni mourir…, ni s’amuser, à moins qu’on ne leur en donne le signal.

Il se plut à nous considérer comme de simples soldats, et nous mena bonnement, jovialement, tambour battant, à la victoire… d’une réconciliation générale.

— Tudieu ! s’écria-t-il le premier soir : ils sont donc figés, tous ces jeunes gens ? Qu’est-ce qu’ils ont à dormir sur leurs chaises ?

Et, comme l’orchestre entamait une deuxième valse :

— Il va falloir que je m’en mêle !

Se levant, il alla, en bon papa, inviter une fillette de quinze ans, toute confuse à la pensée qu’un monsieur grisonnant, officier de la Légion d’honneur, lui fît un tel honneur.

Il valsa à trois temps, selon la mode d’autrefois, sans prendre souci du ridicule ni des modes, ni du qu’en-dira-t-on ; et, en passant devant les jeunes gens, il leur jetait :

— Vous n’avez pas honte qu’une vieille barbe comme moi vous donne l’exemple !

Apparemment, un des bostonneurs répliqua qu’il n’était pas présenté :

— Qu’à cela ne tienne ! Comment vous appelez-vous, mon jeune ami ?