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la femme.

une pétulante Méridionale, mère de sept enfants, tous plus jolis et plus bruyants les uns que les autres. « La nuit est faite pour dormir, mademoiselle, lui ai-je dit, et non le jour. Fermez vos fenêtres ou allez à la « dépendance » ! Quant à mes enfants, ils joueront tant qu’il leur plaira. »

Elle prononçait cela avec l’assent de la révolte et du Midi.

Décidément, il y avait de l’orage dans l’air. L’hôtel flottait à la dérive ; il y manquait le « je ne sais quoi », « la Française », ou toute autre âme conciliatrice. On ne dansait même plus, et l’heure de la musique — cette musique qui adoucit les mœurs — devenait tumultueuse, les uns voulant écouter, les autres parlant de leurs petites affaires, ce qui était la cause de regards foudroyants échangés d’un camp à l’autre.

… Et cela marcha ainsi de mal en pis, jusqu’au jour où le colonel arriva !

Alors, la face du monde, ou plutôt de l’hôtel, se trouva changée. Ce bienheureux colonel, avec sa moustache grise, son visage rond et sanguin, sa parole bon enfant, ne s’imposa pas dès la première minute ; mais il possédait ces deux qualités bien françaises et irrésistibles : la bonne humeur, l’autorité ; de plus, ayant commandé aux hommes, il avait appris, dans leur com-