musiciens, des journalistes, des membres de l’Institut ! Je recevrai tous les jeudis soir, on dira des vers ; vous verrez, ce sera charmant !
— Mais, fis-je, un peu surprise, je ne vous croyais pas tant de relations à Paris, surtout dans le monde des arts.
Elle me regarda, stupéfaite.
— C’est bien pourquoi je viens ici ; vous allez m’aider, vous et quelques autres de mes amis, à créer mon salon en amenant tous ces chers artistes à mes jeudis.
Et, tirant de sa poche un petit calepin, elle lut, sans reprendre haleine, des noms qui hurlaient ensemble ; mêlant, dans un désordre effroyable, des amis à nous et des gens que je connaissais à peine, des hommes de génie, dont quelques-uns, d’ailleurs, étaient morts et les gloires d’une sous-Bodinière.
Je ne pus m’empêcher de rire aux larmes, ce qui la confondit.
— Comment, s’écria-t-elle, désolée, vous ne voulez pas me faire profiter de votre entourage ?
Je tâchai de lui faire entendre que les amis, étant une conquête toute personnelle, ne se prêtaient point, comme on pourrait le faire d’un livre ou d’un paletot — les artistes, moins que tout autre — et qu’un salon ne s’improvise pas !