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la femme.

vingt ans, le terrain cultivé, de la plus aimable entente, où toutes les célébrités, diverses et choisies, prenaient plaisir à se rencontrer. Elle était l’âme discrète et effacée de ces cénacles qu’elle présidait par le silence en mettant l’art le plus affable à faire briller les autres, tous ensemble et séparément. Nulle mieux qu’elle n’eut le don d’attirer des confiances et de les garder, ne sut donner tout bas, sans en avoir l’air et comme en se jouant, du bout de l’éventail, le sage et précieux conseil de la cordialité féminine. Sa carrière fut celle d’une remarquable Égérie littéraire dont chacun, pendant qu’il en subissait le sortilège, se croyait le seul Pompilius. »

Vous le voyez, cousine : ce qu’il y a de plus important dans la conversation, c’est le silence.

Mrs Isaac Rice n’avait peut-être pas prévu cette conclusion spéciale. Nous autres, Françaises, nous la sentons vivement. Nous sommes le dernier pays où l’on cause. Il faut défendre notre bien, — c’est-à-dire notre esprit, — comme les Américains défendent leur confortable.

Supportons les bruits de la rue, peu importe ! Mais ne souffrons, dans nos salons, ni la dame inexorable, ni la dame muette et imitons la dame qui sut écouter.