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le silence.

silences étaient spirituels ! Elle parlait avec douceur et disait en peu de mots ce qu’elle voulait exprimer, et qui suffisaient à vous mettre dans la bonne voie. Elle animait votre parole, et, près d’elle, on avait l’illusion d’avoir de l’esprit.

Son salon fut célèbre. Elle y retint, par le charme de sa parole discrète et la grâce de ses silences, les hommes les plus illustres de Paris. Et, si vous ne me croyez pas, lisez l’exquis portrait qu’a tracé d’elle Henri Lavedan, dans un des petits chefs-d’œuvre qu’il donne chaque semaine à l’Illustration :

« S’il fallait ne se servir que d’un mot, d’un seul, pour personnifier la comtesse de Loynes, c’est le charme qu’il faudrait dire. Ce mot de charme, si prodigué qu’il en est devenu banal et qu’on n’ose même plus l’appliquer aux êtres rares et doués d’irrésistible sympathie, semblait fait exprès pour cette dame, d’une séduction si délicate et fine, ennoblie de bonté. Charmante elle était par l’expression attentive de ses beaux yeux, la caresse de son sourire d’où n’était point exclue la mélancolie, toute la grâce élégante et simple, comme voilée et étouffée, de sa personne infatigable à s’oublier pour plaire avec le génie du tact. Son salon fut, pendant près de