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la femme.

reconnaître, dans ce défaut affreux et charmant tout à la fois, les causes de notre déchéance intellectuelle.

Fort plaisamment, il nous offre l’exemple de ces Américaines, qui viennent de décréter héroïquement qu’une fois l’an, elles se rendraient en un lieu solitaire, afin d’y opérer une cure de silence ! Non pas une de ces cures fantaisistes, mêlées de soupirs, de chuchotements et de rires étouffés, comme nos linottes de Françaises ne manqueraient de la comprendre, mais une vraie cure de Yankee, qui ne comporterait pas moins de trois jours et de trois nuits d’épreuves, pendant lesquels pas un son ne sortirait de leurs jolies bouches roses.

J’aime mieux vous déclarer tout de suite que M. Marcel Prévost ne prend pas fort au sérieux cette extravagance du Nouveau Continent, et j’imagine qu’il ne nous la conte que parce qu’elle fournit au moraliste les plus jolies réflexions du monde. L’une d’elles m’a particulièrement frappée et je la livre à vos méditations :

« Le bavardage féminin, écrit-il quelque part, a de fâcheux effets ; le plus grave est d’empêcher la femme de penser. À force d’entendre sa propre voix, mêlée à d’autres voix, on