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histoire d’un préjugé.

en y gardant sa dignité et en répandant autour d’elle le parfum pénétrant et discret de son charme de femme instruite et simple.

Ma jugeote ne voyait point d’inconvénients à ranger, parmi les « femmes du monde », certaines personnes méritantes dont le seul méfait était de gagner honorablement leur vie, et d’en retrancher quelques coquettes peinturlurées et sottes, mettant tout leur amour-propre à ressembler à des mannequins de grands couturiers ou à des gravures de mode, ou bien encore à des demoiselles de fâcheuse réputation.

Or, je me trompais, paraît-il, du tout au tout, cousine. Les femmes du monde, si l’on en croit l’histoire, se reconnaissent à ce signe unique et caractéristique : l’oisiveté !

On commence à faire partie du monde dès l’instant qu’on y est parfaitement inutile. L’incapacité, la bassesse d’esprit, ont beau éclater notoirement : ces choses n’ont qu’une importance secondaire. Les femmes du monde peuvent, sans déroger, s’habiller de façon extravagante ; oublier les convenances, leurs devoirs et même l’honneur : se montrer mauvaises épouses, mères négligentes ; dire les pires platitudes, commettre les plus détestables excentricités, user d’un jargon de Montmartroise : elles