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bonheur perdu.

Mais ce gérant-là était d’espèce particulière. Il jouait fort bien du piano, bostonnait à ravir, et se révélait, en toutes circonstances, homme galant et galant homme. On pouvait, sans trop déchoir, lui ouvrir un petit ballant de la grand’porte par laquelle défilait, tête haute, la « Société » engoncée de ses raides principes.

Le fiancé avait prévenu Suzanne qu’il lui faudrait beaucoup d’indulgence et de bonne volonté pour trouver de l’agrément à la fréquentation de ces dames : un peu potinières, assez jalouses, et suffisamment orgueilleuses, très à cheval sur toutes les questions de préséance ; et fort expertes en fait de décocher des traits piquants. Il lui expliqua que la civilité honnête et puérile n’est point commode à manier sous les cieux brûlants d’Afrique, parmi les écueils d’une société pointilleuse comme celle dont il avait l’honneur de faire partie.

— Bah ! répondit Suzanne, ne vous inquiétez pas ; je tâcherai d’apprivoiser les bêtes féroces !

Hélas, la pauvre enfant ne savait point ce qu’est une « Société » avec un grand S. Moi non plus, d’ailleurs, cousine. Je l’ai appris en cette circonstance et vous le révèle tout chaud.

Lorsque les grandes dames du lieu reçurent le « faire-part » leur annonçant le mariage de M. X… avec Mlle Suzanne Z… il y eut un mo-