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bonheur perdu.

pour la vie large des colonies, un culte passionné. L’admirable activité de Suzanne, son énergie, sa gaieté et sa grâce, le transportèrent d’aise ; il tomba éperdument amoureux de tant de souriantes perfections et demanda la main de la jeune fille. Les parents, bourgeois cossus, — sinon par la fortune, du moins par leurs relations, — firent un peu la moue.

Les colonies ! hum ! c’était bien loin. Il fallait traverser la mer ; et puis, Suzanne ne serait plus là, le mardi, pour servir le thé. Le prétendant avait une belle situation, il est vrai ; mais Suzanne pouvait trouver mieux encore.

Suzanne avait le courage de ses opinions. Le jeune homme lui plaisant, elle ne s’embarrassa point d’autre chose.

Elle avait remarqué qu’on possède en soi le bonheur, et, comme elle était parfaitement décidée à transporter au delà de la Méditerranée sa bonne humeur, ses enthousiasmes, sa sève de jeunesse, et cette faculté qu’elle avait d’aimer son prochain, elle rassurait par avance ses parents, ses amis.

— Vous serez forcés de venir me voir pour constater mon bonheur, disait-elle en riant.

Ils se marièrent donc.

Ils partirent…

Là-bas là-bas, dans la montagne…