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la femme.

qui terminent un de ses contes et pourraient, en l’occasion, servir de morale :

Trop de bonté dans les parents
Cause la perte des enfants.

D’autres personnes, faibles aussi, mais dans un ordre d’idées différent, accordent leurs faveurs, leurs dons et leurs générosités, non aux malheureux qu’elles jugent intéressants et méritoires, mais à ceux qui, sachant demander, quémander, revenir à la charge, tourmenter et harceler, tournent autour d’eux comme des mouches qui piquent et dont il fait bon se débarrasser.

Je pourrais multiplier les exemples, cousine, et vous parler des vaniteux qui ne savent trouver le geste de la bonté que lorsqu’on les regarde, ou des égoïstes qui ne s’apitoient sur la misère d’autrui que dès qu’elle leur apparaît sous une forme tangible et impressionnante, donnant l’aumône au pauvre de la rue qui tend son moignon, et laissant mourir de faim la créature qu’il faudrait visiter dans sa mansarde.

À mesure que j’écris, je découvre que la Bonté tient surtout sa beauté du courage, et que c’est par son union avec ce sentiment qu’elle devient d’essence divine.