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les deux bontés.

former son caractère, à tremper son cœur, à lui insuffler les sentiments d’honneur et de dignité dont sa petite âme peut déjà supporter le poids.

Dimanche dernier, j’eus le spectacle d’un garçon de douze ans, gentil, intelligent, ayant même, à l’occasion, du cœur, mais pour lequel la mère eut toujours, en toutes circonstances, des bontés infinies…, c’est-à-dire qu’elle l’élève très mal. Pendant trois heures d’horloge, par fantaisie, ce jeune potache demeura dans un salon rempli de monde, avec son paletot dûment boutonné, alors que tous les enfants dansaient en toilettes claires.

— Je t’en supplie, mon petit homme, disait la mère, laisse-moi t’enlever ton pardessus. Tu vas avoir trop chaud ; tu attraperas du mal. Je t’en prie, sois gentil et obéissant.

— Non ! répondait, d’un air bourru, le petit homme.

Et il garda son vêtement, aussi disgracieux qu’inconvenant, et, par surcroît, dangereux, puisque, à mesure que les heures passaient, la chaleur devenait suffocante.

Peut-on insinuer que la mère, en tolérant cet entêtement stupide, eut de la bonté ? Je ne le crois pas, cousine, et je ne puis ni empêcher de vous rappeler ces deux vers du bon Perrault