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le droit au bonheur.

Josanne d’être si charmante, car, au fond, si nous observons de sang-froid cette « rebelle », nous remarquons qu’elle puise dans un égoïsme révoltant la force de sa conduite et le plus clair de ses théories. Et, vraiment, c’est faire un étalage bien vain de vertus supérieures, si tout cet orgueil, toute cette fierté, et cette possession parfaite de soi ne poursuivent que le but misérable — peu digne d’un cœur haut placé — du bonheur personnel.

— Je ne peux pas vivre sans bonheur.

Voilà qui est bientôt dit, et plus vite pensé encore. Et ce bout de phrase peut mener loin. Car, enfin, il y a des maladroits en bonheur, et des ignorants, et des aveugles, et même des imbéciles ; ils ont le bonheur qui leur crève les yeux et ne le voient pas, ils le gâchent ou le piétinent ou le jettent par-dessus bord, tout en criant :

— À moi le bonheur ! Où est mon bonheur ? Je ne peux pas vivre sans bonheur ! J’ai droit au bonheur !

Et ils cherchent là où il n’est pas, et trouveront facilement du « plaisir » qu’ils prendront pour du bonheur.

Si bien qu’une femme (l’auteur nous la dit supérieure par l’âme, par l’intelligence), à qui le destin eut le mauvais goût d’infliger un mari