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le droit au bonheur.

Si elle ne déserte pas le foyer, c’est par pure pitié et parce qu’elle considère que le dévouement à un malheureux tel que son époux est un devoir : mais comme la recherche du bonheur, dans sa pensée, est aussi un droit, elle accommode ensemble de son mieux ce double idéal contradictoire.

Je n’ai pas à m’étendre ici sur la trame d’un roman, — dont la lecture, d’ailleurs, ne convient qu’aux femmes et pas du tout aux jeunes filles : — je voudrais, cependant, arrêter un instant votre réflexion sur la singulière moralité que nous préparent les « rebelles » de demain.

Marcelle Tinayre a modelé sa Josanne avec amour, elle s’est appliquée à nous la rendre sympathique et attachante ; elle n’en a point fait une neurasthénique sentimentale, ni une déséquilibrée hystérique, ni une inconsciente envoûtée, mais une créature saine allant d’un pas délibéré vers une destinée que son intelligence a prévue, que son cœur a acceptée. Cette « rebelle » est une femme forte et même ses abandons gardent un pli orgueilleux ; elle pense, songeant à son victorieux ami, à son Noël :

« Que je sois votre égale respectée devant le monde, devant votre raison et votre amitié, c’est notre désir à tous deux. Mais la rebelle s’est rebellée contre la société injuste, et non