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la femme.

font instinctivement horreur, elle estime qu’il ne suffit pas à une femme d’être chaste pour se dire honnête et revendique le droit de penser, de parler, d’agir, et d’aimer à sa guise ; elle est rebelle à ces préjugés surannés qui régissaient hier encore l’opinion d’un monde vermoulu. Elle se déclare maîtresse de son cœur comme de sa personne et, acceptant la responsabilité entière de ses actions, rejette du pied les hypocrisies auxquelles les femmes parfois s’abaissent, par un atavisme de mensonge.

Josanne ne saurait connaître le remords pour cette raison qu’elle ne donne point à ses faiblesses volontaires le nom de péché ; elle les transfigure avec une ardeur païenne, elle les glorifie dans une apothéose de liberté : liberté de l’âme, de l’esprit, du corps ; et sa morale, qui vient se confondre avec celle de l’homme, fléchit seulement devant ce que les rebelles appellent : « le droit au bonheur ».

— Je ne peux pas vivre sans bonheur, murmure Josanne. Je ne peux pas…

Et, comme elle ne trouve point auprès d’un mari malade cette félicité à laquelle toute créature aspire, elle satisfait sa conscience en soignant sagement son podagre et comble le vide de son cœur en cherchant ailleurs les consolations que vous devinez…