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philosophie de femme.

Les femmes qui le lisent sont assurées de connaître la véritable sagesse.

En effet, supposez un instant une créature riche ou pauvre, instruite ou ignorante, heureuse ou éprouvée, se laissant guider uniquement par ce livre divin, acceptant les responsabilités de son état, les charges et les ennuis de son intérieur, respectant toutes les conventions librement consenties, allant jusqu’au bout de ses devoirs, ne fera-t-elle point, tout naturellement, une admirable philosophe ?

Regardez, autour de vous, les femmes qui se disent philosophes et ne sont pas du tout philosophes ; elles pérorent sur le bonheur et ne savent point le faire naître : elles dissertent sur l’amour et ne le donnent point ; elles quintessencient à propos du sentiment et ont un cœur de bois ; elles ne sont pas éclairées par la lumière intérieure qui s’appelle conscience et fait les routes si droites.

Pourquoi tant de ménages vont-ils cahincaha ? Pourquoi tant de vies sont-elles gâchées ? C’est qu’aucune conscience ne les guide. Chacun va où son plaisir l’appelle, et ne s’embarrasse nullement du voisin. On parle très bien, on agit tout de travers ; on lit Nietzsche et Schopenhauer, et l’on retient, dans un grand fatras de mots, que le « Moi » est dieu.