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I

La Jeunesse qui s’ennuie


Ma chère cousine, concevez-vous qu’il existe sur terre des femmes, des jeunes filles, munies de leurs deux yeux, d’un cervelet, d’une paire de bras et de jambes, d’une bouche et de deux oreilles, et qui s’ennuient !

Elles parviennent à s’ennuyer ! Elles accomplissent ce prodige de passer comme des aveugles, des sourdes, des muettes, des infirmes, devant le plus magnifique et le plus divertissant des spectacles : la vie.

Autour d’elles, on aime, on travaille, on souffre, on est heureux, et elles s’ennuient !

Les chefs-d’œuvre éclosent, les fleurs s’épanouissent, le monde s’anime, la nature s’emplit d’allégresse, la science s’enorgueillit de trouvailles, les hommes s’agitent dans un océan de