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la femme.

mes peut-être, de femmes, j’en doute, à moins qu’elles ne soient pourvues d’un cerveau et d’un cœur essentiellement masculins, ce qui serait bien dommage.

J’ai voulu faire comme tout le monde, cousine, et fourrer quelquefois mon nez dans les philosophes à la mode : Schopenhauer, Nietzsche, etc…, et j’en ai toujours éprouvé un grand mal de tête.

Leurs théories m’apparaissaient ingénieuses et supérieurement compliquées… Ils connaissent si bien la vie qu’ils vous enlèvent jusqu’à l’illusion de la trouver belle ; ils décarcassent avec tant de force le jeu de vos passions, qu’ils les font ressembler à quelque toupie mécanique dont la ficelle serait entre leurs mains. Cela est beau, desséchant et vertigineux.

Ils sont pareils à ces anatomistes qui, regardant un corps aux formes pures, vous décrivent savamment le sternum, l’humérus, le cubitus, le radius, le sacrum, et même le coccyx dont il se compose et ne voient pas la peau de satin si douce, si polie, si blanche, qui le recouvre d’un voile mystérieux.

Ils sont de grands philosophes, cela est certain, et leurs disciples ne le sont pas moins, en théorie surtout. Mais, lorsque j’écoute des femmes discuter à perte de vue sur les phéno-