Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/183

Cette page a été validée par deux contributeurs.
167
le sens de la vie.

son époux occupe une haute place, et ses enfants sont beaux.

Oui, mais Armande n’a le temps d’aimer ni son mari, ni ses enfants, ni sa maison… Les soins de sa personne l’occupent tout le jour, et les résultats obtenus, mettent notre coquette de fort méchante humeur. Elle gronde, elle jalouse, elle tempête ; sa conscience mal satisfaite lui suggère des papillons noirs. Elle sent poindre la névrose, le dégoût de tout…, et peut-être d’elle-même. Sa journée s’achève avant qu’elle y ait mis une pensée raisonnable ; ses repas sont mal ordonnés, ses domestiques bousculés, ses pauvres chéris mal soignés ; l’époux cherche distraction ailleurs, les scènes éclatent à tout propos, les reproches pleuvent comme grêle, et l’on pleure, et l’on dispute.

Armande est très malheureuse. Elle ignore le sens de la vie.

Et Juliette, notre dolente Juliette, alors que tout lui sourit, qu’a-t-elle à gémir ?

Hélas ! la vie est lourde !

Il faut se lever, et puis s’habiller, — devoirs pesants ! — et être prête pour midi !… Puis, répondre à des invitations, tenir entre ses doigts le fardeau d’une plume, et tracer du noir sur du blanc, — épreuve cruelle !… Et encore rendre des visites, parler… Et, parfois, — horreur ! —