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la femme.

en leur cœur sec, demeure stérile ; et, si elles dramatisent les malheurs légers qui les frappent, elles se gardent bien de compatir aux chagrins profonds qu’elles causent.

Victor Hugo a écrit quelque part : « Nul de nous n’a le droit d’avoir une vie qui soit à lui », entendant, par là, que chacun a le devoir de partager son lot de bonheur ou d’épreuves.

Le don de soi — du meilleur de soi — fait largement à ses parents, à son mari, à ses enfants, à ceux qui souffrent, c’est apparemment là le sens de la vie, celui, du moins, que les parents doivent apprendre aux petits.

Et, si vous en voulez la preuve, observez les femmes heureuses de votre connaissance. Sont-ce celles qui répandent le bonheur autour d’elles ? ou qui y prétendent pour leur propre compte ? Celles qui oublient leur Moi, ou qui en font le centre du monde ? Celles, enfin, qu’on aime d’un respect, d’une tendresse infinis, et qu’on plaint parfois un peu, ou celles qui ne savent affectionner que leur figure, leurs mains, leur corps, leurs aises et leurs plaisirs ?

Pourquoi notre belle Armande, par exemple, en veut-elle au genre humain, et sa maison est-elle un enfer ? Elle est riche, cependant, considérée, de nombreux amis fréquentent son logis,