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la division des idées.

Heureuse. Mme Trois-Étoiles ? Vous n’y pensez pas, cousine ! Du matin au soir, elle cherche chicane à ses fournisseurs, à ses domestiques, à tous ceux qui l’entourent ; elle use ses nerfs mis à vif par ces débats stériles et transforme sa maison en ménagerie. Cependant, c’est le dévouement en personne ; elle accomplit, à ses heures, de véritables tours de force et sut montrer, dans l’épreuve, un courage rare dont les siens ne lui tiennent aucun compte, à cause de son humeur irritable. Arrangez cela comme vous l’entendrez, et dites-vous que les Mme Trois-Étoiles sont légion.

Contente d’elle et des autres Mlle Snobinette ? Laissez-moi rire, cousine ? Elle s’ennuie à mort et gâche sa vie dans un vide distingué. Cependant, la nature lui a octroyé des aptitudes et une intelligence charmante ; mais ses facultés restent en friche, et le sentiment de tant de forces perdues ne peut que l’attrister. Elle aurait l’instinct du dévouement : la paresse la retient. Elle voudrait donner un but à sa vie creuse : le snobisme l’en détourne. C’est une de celles qui saccagent le bonheur à plaisir. Remarquez, cousine, qu’à toutes ces personnes il ne manque qu’un rien pour être parfaitement heureuses. Or, c’est là le sujet de ma découverte, et je vous prie, bonne cousine, de ne pas hausser