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la division des idées.

apprendrai rien, cousine, en vous disant que nombre de gens s’entêtent à être malheureux, alors que tout, dans la vie, leur sourit. Ils ne sentent pas les grandes joies que le sort leur a réservées et souffrent cruellement de soucis insignifiants qui ne sont que l’aiguillon du bonheur ; ils pleurent d’un incident de ménage, d’une désillusion d’amour-propre, d’une chimère dégonflée, et ne comprennent pas que le bonheur est fait justement de toutes les conquêtes lentes, tendres et patientes de la volonté sur la destinée.

Heureux, l’enfant travailleur qui, au bout d’une année d’efforts, recueille une récompense triomphale ! Heureux, l’homme qui, disputant âprement sa place au soleil, l’enlève à la force du poignet ! Heureuse, la fillette que sa mère élève au titre de petite confidente ! Heureuse, la fiancée qui conquiert l’homme qu’elle aime ! Heureux, tous ceux qui luttent, peinent et souffrent, et que la Providence encourage !

Les vœux de bonheur — formule profonde, selon le sentiment qu’on y apporte — devraient être traduits ainsi par le cœur qu’ils atteignent :

— Ils m’aideront à résister, j’y puiserai l’énergie nécessaire pour acheter mon bonheur.

Car enfin, ma cousine, tout se paye, en ce bas monde. Pourquoi cette fleur précieuse,