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la femme.

aussi un soupir de regret en constatant les périls qu’il leur reste à vaincre. Et, doutant de leurs forces épuisées, doutant, de leur courage, ils cherchent les mains amies qui, dans une pression muette, disent :

— Nous sommes là, ne craignez, rien ; appuyez votre faiblesse sur les nôtres, et nous arriverons, sains et saufs, jusqu’à la montée prochaine.

Un premier de l’an sans « amitié » doit être lugubre comme un avenir sans espoir, comme une roche inaccessible, comme une nuit sans étoiles. Il faut sentir, en ce jour troublant, tout près de soi, l’âme de ses chers morts, l’âme affectueuse des amis préférés, et l’âme joyeuse et innocente des enfants, symbole de bonheur… C’est, sans doute, la raison secrète de ces gages d’amitié qu’on distribue à profusion et dont la pensée, lorsqu’elle n’est pas profanée par quelque bas instinct, est aussi délicate que touchante.

Je sais des grincheux qui détestent le Jour de l’An…, et je les plains, car, s’ils connaissaient l’ « amitié », source admirable et féconde de nos énergies, ils éprouveraient cette allégresse particulière faite d’émotion, de gratitude et de doux orgueil qui inonde le cœur à ce moment privilégié où tous ceux qu’on aime sont présents ; ils sentiraient que le meilleur de leur force émane