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la jeune fille.

point d’orgue éperdus, vous épuisez la série des services à café, bonbonnières, théières, chandeliers, des cadeaux rares et des horreurs authentiques, et quittez ces lieux, emportant la certitude bien réconfortante que jamais la jeune mariée ne manquera de rien.

Je sais bien que toutes ces singeries sont de mode, ma cousine ; mais elles m’exaspèrent, ou, plutôt, elles me blessent. Il me semble que c’est violer le sanctuaire dans lequel on doit enfermer le bonheur d’une jeune fille, que d’étaler impudemment, aux regards indiscrets, les splendeurs d’un trousseau que le mari devrait être seul à connaître — et de faire la roue avec des présents dont le meilleur prix devrait être le sentiment affectueux qui s’y rattache.

Je ne comprends pas qu’une fiancée lise, sans que le rouge lui monte au front, le compte rendu détaillé et minutieux de ces jolis souvenirs dont l’amitié l’a comblée et qui perdent, dans ce galvaudage public, le meilleur de leur charme. Jamais, au grand jamais, leur pompeuse nomenclature n’évoquera les pensées intimes qui doivent accompagner la fête des fiançailles. Et il est proprement odieux qu’un journal apprenne aux indifférents que Mme de W… donna un piano à queue Érard ou Gaveau ; M. S…, une