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les grands mariages.

bonheur des futurs époux. Le fiancé n’a nul besoin d’être un aigle, la fiancée est en droit d’être laide comme un péché ; et la nature, en rapprochant ces deux êtres mal accommodés pour vivre ensemble, a pu laisser vagabonder fâcheusement sa fantaisie : tout cela est sans importance, dès l’instant qu’autour des deux jeunes gens roulent l’or, le luxe et des relations cossues.

Donc, pour accomplir ce grand acte de la vie, le plus solennel de tous et le plus intime aussi, on commence par aviser, de ses fiançailles, les amis, les indifférents et les connaissances vagues, au moyen d’un petit carton immuable, conçu dans des termes identiques et fort gracieusement imprimé… Car vous ne supposez pas, ma cousine, que, dans un pareil moment, on trouve le temps de jeter soi-même, sur une carte, quelques mots du cœur aux amis que l’on aime et qu’on sait susceptibles de partager le bonheur que l’on éprouve. L’essentiel est que nul n’en ignore ; et, pour avertir sûrement le public, que cela n’intéresse d’ailleurs pas, on use de la voie retentissante des journaux… Et c’est le premier jalon sur lequel s’échafaude un Grand Mariage.

Je passe, ma cousine, sous silence les courses éperdues dans les magasins, l’affolement du