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la jeune fille.

qu’ils puissent meubler leurs cœurs de souvenirs communs qu’ils apporteront en ménage et qui leur donneront l’illusion de l’intimité. Ce n’est pas l’amour seulement que je souhaiterais qui se développât, comme vous semblez le croire, ma cousine, en ces tête-à-tête délicieux ; pour l’amour, Le langage des yeux, une pression, de la main, un baiser à la dérobée, suffisent à l’exprimer, et la mère ne gêne guère ces innocentes effusions. Mais l’amitié est chose plus grave, plus difficile.

Il faut, pour la conquérir, la rencontre de deux âmes et, aussi, de deux intelligences. Les tâtonnements, au début, en sont délicats, timides et quelquefois maladroits, et c’est pour elle que la solitude est un merveilleux complice. Je dirais donc aux jeunes filles qui se marient :

— Ne vous inquiétez pas de l’amour de votre fiancé — c’est une conquête assez facile, pour peu qu’on soit jeune et fraîche — ni des labyrinthes de son caractère, que vous ne déchevêtrerez pas de sitôt ; mais priez votre mère de laisser l’amitié toute pure s’épanouir en vos deux cœurs ; sans elle, votre bonheur futur ne sera qu’un vain mot, et c’est pourquoi il faut vous ménager des tête-à-tête d’amoureux et d’amis.

Et ceci m’amène à vous dire, ma cousine, que