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doit-on laisser les fiancés seuls ?

qui est nécessaire pour supporter sans dommage les heurts inévitables du mariage.

Tous les vieux et heureux ménages savent, que l’année la plus dure à passer fut celle de leur lune de miel, car l’amour s’use ou s’exaspère très vite, s’il n’est accompagné de la merveilleuse amitié qui le prolonge et l’assagit ; et souvent il arrive, dans cette période charmante, mais troublée, que les êtres délicats souffrent de la disproportion des sentiments qui les agitent : l’amour étant partagé avec violence, tandis que l’âme et les pensées demeurent encore étrangères.

L’amitié faite d’estime, de sécurité, de dévouement et de quelque chose de profond, ne s’acquiert qu’avec le temps. Ce n’est qu’après avoir traversé ensemble des épreuves mauvaises et s’être sentis ensuite pus fort ; qu’après avoir souffert, penchés sur le même berceau, et pleuré de joie dans les bras l’un de l’autre, devant un sourire de convalescent ; qu’après avoir lutté aux mêmes heures, et tremblé des mêmes inquiétudes, qu’on peut vraiment dire : l’Amour plus grand que la Mort, et ne faire, selon l’Évangile, qu’un dans la même chair.

Et c’est pour rendre cette première année de mariage moins incertaine que je voudrais laisser les fiancés causer librement entre eux, afin