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la jeune fille.

moral des premiers mois du mariage, alors qu’elle a quitté sa maison, ses habitudes et tout ce qui lui était cher, il faut qu’elle bâtisse dans son cœur le coin des tendresses pures, que jamais on n’oublie et qui ne trompent pas. Il faut recevoir à voix basse, de l’aimé, beaucoup de confidences, en être prodigue soi-même et prononcer sans crainte d’adorables puérilités, de ces riens charmants qu’on rougirait de laisser surprendre par des oreilles étrangères, cependant qu’ils tissent secrètement les trames d’une intimité sans laquelle il n’y a pas de bonheur. Ah ! qu’ils sont jolis, les rêves faits à deux, alors que le respect et la pudeur interdisent certaines paroles, certains gestes et qu’entre deux cœurs qui battent à l’unisson passent des silences éloquents ! Qu’ils sont doux aussi, ces projets d’avenir balbutiés par deux inconnus que la destinée rapproche pour toujours, et combien le souvenir troublant de certaines émotions partagées demeure ineffaçable !

Est-ce à dire que, dans le fiancé d’aujourd’hui, la jeune fille saura exactement distinguer le mari de demain ? Certes, non ! Il faut quelquefois dix ans de vie commune pour bien pénétrer un caractère et s’y adapter parfaitement. Mais elle aura puisé, dans ces heures d’épanchement, la provision de confiance et de tendresse