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la pêche aux maris.

jours, mais, hélas ! toujours sans succès. Leur insistance à s’imposer avait découragé tout le monde.

Les valses succédèrent aux « two-step », les « two-step » aux valses. Les deux sœurs, toujours souriantes malgré leurs visages crispés, bostonnèrent la mort dans l’âme.

Tout d’un coup, l’une des deux s’arrêta, se planta devant un jeune garçon que son âge rendait sans importance, et, avec une hardiesse provocante, l’énergie du désespoir, et un tremblement dans la voix, que je n’oublierai jamais, elle demanda :

— Monsieur, voulez-vous m’inviter ?

Le jeune homme était bien élevé ; il s’inclina profondément et répondit :

— Mademoiselle, je n’osais pas vous le demander ; vous me rendez très heureux.

Vous me croirez si vous voulez, cousine, j’eus presque envie de pleurer ; et je plaignis, du fond de mon cœur, ces deux enfants victimes de la vanité et de la sottise de leur mère.

Ce n’est pas, vous le savez, cousine, avec une amabilité de commande, dictée par l’intérêt, que l’on conquiert des sympathies, et encore moins des amitiés ; ce n’est pas seulement avec des toilettes somptueuses qu’on attire l’amour