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la jeune fille.

voisine, dès qu’elles furent parties. Imaginez-vous que, chaque soir, ce sont d’abominables scènes qui finissent toujours dans les larmes. La mère écume de colère en constatant le peu de succès de ses filles.

» — C’est de votre faute, glapit-elle, sans se préoccuper des murs en carton de l’hôtel ; comment voulez-vous qu’avec vos faces de carême des jeunes gens songent à vous ! Vous êtes là, comme deux morceaux de bois, incapables même d’engager une conversation. Ce n’est pourtant pas difficile d’aborder Mme X…, qui est bien posée et connaît tout le monde, et de lui dire, avec un sourire gracieux : « Quel joli ouvrage vous brodez-là, madame ! » ; — ou bien de prendre, sur vos genoux, un des enfants de Mme Z… et de vous écrier, en regardant la maman : « Quel amour de bébé ! » Comme des sottes que vous êtes, vous laissez échapper toutes les occasions de nous lier avec des gens comme il faut et dont les relations pourraient nous être utiles ; vous traînez vos bras ballants dans le jour, vous restez clouées sur vos chaises le soir, pendant que les autres s’amusent, et vous croyez que c’est agréable pour une mère ! Ah ! mais je commence à en avoir assez ! Je n’entends pas remorquer, toute ma vie, deux vieilles filles qui me rendent ridicule. Je vous ai fait faire six robes