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la pêche aux maris.

saient particulièrement brillants par le nombre ou la qualité d’hommes qui les composaient.

— Voilà de jeunes intrigantes ! fis-je remarquer, au bout de quelques jours de ce manège irritant, à une aimable voisine.

— Plaignez-les, glissa-t-elle à mi-voix dans mon oreille : ce sont mes voisines de chambre, et, sans le vouloir, j’entends de tristes choses. Dès qu’elles seront éloignées, je vous conterai le drame — qui se joue gaiement aux sons de l’orchestre et dans lequel les pauvres enfants tiennent le rôle de victimes et la mère celui de bourreau.

Je vous avoue, cousine, que, quoique la nature ne m’ait pas donné de curiosité envers les secrets du prochain, je restai intéressée par celui-là ; en attendant les révélations promises, j’observai la future belle-maman, dont l’œil perçant et dur mentait, à la bouche éternellement empressée et susurrante. Elle échangeait des propos furtifs avec l’une de ses filles et des épithètes désobligeantes s’échappaient de ces lèvres maternelles et pincées.

— Sotte ! Tu ne sais pas faire !

Après ce jugement péremptoire et peu élégant, la jeune fille repartit en chasse, l’air plus provocant que jamais, son visage de vingt ans noyé d’une indéfinissable mélancolie.

— Ah ! les pitoyables créatures ! soupira ma