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xi
préface.

quelles furent les minutes divines pendant lesquelles vous avez connu les suprêmes félicités du bonheur, celles qui ne s’effacent jamais de la mémoire, et dont le souvenir suffit à éblouir une existence.

Si vous l’avez fait, vous avez pu constater avec surprise que ce ne sont ni les coups triomphants de la fortune, ni les événements remarquables que la destinée mit sous vos pas qui vous secouèrent du grand frisson, Ceux-là s’oublient vite pour les raisons que je vous ai dites. Ce sont, le plus souvent, de très petites choses, des riens que le sentiment seul rendit précieux et dont le cœur se souvient : un mot banal prononcé par la voix que vous attendiez avec un accent d’adoration qui vous remua le fond de l’âme ; l’encouragement d’un ami cher dans un jour de détresse morale ; quelquefois moins encore ; une lettre, un regard, un geste affectueux ; le premier sourire de l’enfant qu’on crut perdu et qui jeta ses petits bras décharnés autour de votre cou en disant : « Maman, ma petite maman ! »