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la jeune fille.

fête de la bonne mère, et dont l’étoffe se souleva légèrement sous un cœur battant par un jour heureux de distribution de prix. Robe qu’on lava et repassa avec un soin pieux, tandis que chaque nouvelle cérémonie la rallongeait d’un pli nouveau. Robe que toujours on trouva jolie, parce qu’on était nombreux à la revêtir, qu’elle était claire comme le printemps, et que, dans ses plis harmonieux, voletaient l’innocence, la jeunesse et la joie. — Ô les tristes robes noires que portent vos tilles, monsieur le chancelier, et pourquoi assombrir les jours heureux de leur deuil éternel !

Donnez, à ces enfants de dix-huit ans, la parure qui sied au jeune âge et à ses plaisirs, et qu’une robe blanche, comme leurs chastes pensées, soit l’uniforme de fête que vous leur ordonnerez de revêtir ; alors, l’an prochain, pareilles à de petites nymphes, elles passeront, légères et ravies, sur les pelouses de l’Élysée, et vous verrez, monsieur le chancelier, quel charmant tableau formera ce petit bataillon doublement sacré, — de l’innocence et de l’honneur.

Et tenez, monsieur le chancelier, j’exigerais aussi que cette robe, conçue dans une ligne simple, sans vains ornements, et sur un modèle unique, fût entièrement taillée, préparée et cousue par les élèves elles-mêmes, afin qu’elles