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comment pousse la coquetterie.

Je vais probablement vous étonner, monsieur le chancelier ; mais je crois pouvoir affirmer, sans crainte, que cette espèce de coquetterie aiguë qui prend comme une fringale toutes vos filles, dès qu’elles sortent de Saint-Denis, puise sa source dans l’humiliation qu’elles ont subie en leur jeunesse, alors qu’un uniforme despote n’arrivait pas à les rendre tout à fait laides.

Il n’est pas de pires gourmands que les enfants qu’on prive toujours de dessert ; il n’est pas de pires coquettes que les femmes dont on a ridiculisé la grâce ou la beauté dans leur enfance. Il y a comme un besoin de revanche auquel il faut songer, monsieur le chancelier, et qu’il est bon de ne pas exaspérer. Est-ce donc bien utile de rejeter dans la circulation des créatures sans goût, sans esthétique, et qui risquent de demeurer toujours en deçà ou au delà de la vérité en s’habillant avec trop de recherche ou trop de négligé ?

Toutes les institutions, depuis les plus laïques jusqu’aux plus religieuses, ont leur robe de fête. — Robe blanche et touchante de mousseline, ou de voile léger. Robe dont on se souvient avec émotion, et qu’on aima pour toutes les petites joies dont elle fut le témoin discret. Robe qu’on endossa pour l’anniversaire de madame, ou la