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la jeune fille.

ou des malheureuses orphelines abandonnées de la terre et des cieux.

Qu’à Saint-Denis, entre les quatre murs de l’auguste pension, vos filles gardent la modeste robe noire de forme surannée, rien de mieux : cela leur rappelle incessamment que la Maison fut instituée sous l’Empire, et cela est touchant et presque symbolique ; mais que, par un beau jour de juin, sous un ciel radieux, elles viennent en grande pompe prendre part à une garden-party mondaine, et que, dans un décor de fête, au milieu de claires toilettes du bon faiseur, elles exhibent leur méchante robe triste aggravée d’une pèlerine ridicule, non, vraiment, monsieur le chancelier, cela offense la nature dans sa manifestation la plus délicieuse : la jeune fille !

Il n’est pas possible que ces élèves d’aujourd’hui, ces femmes de demain, âgées de seize à dix-huit ans, ne souffrent point de leur fâcheux accoutrement, alors qu’elles ont le loisir de comparer, et qu’on leur donne le droit et le devoir de se promener au bras de sémillants polytechniciens ; et je suis persuadée que les calottes innommables aux coques étranges et lourdes, dont on coiffe leurs têtes charmantes, doivent, ce jour-là, peser cent kilos sur tous ces cheveux blonds ou bruns.