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la jeune fille.

mères et pour laquelle il faut de la grâce, de la distinction et un certain art fait de nuances.

Car il y a révérences et révérences, monsieur le chancelier !

Il est des révérences sottes qui ne sont qu’un déhanchement vulgaire du corps et demeurent parfaitement inexpressives ; il en est d’impertinentes, que leur petit mouvement brusque et effronté de l’arrière-train déshonore ; il en est d’obséquieuses qui seraient déplacées en République et offenseraient qui les reçoit ; il en est qui paraîtraient trop familières ou trop souriantes, d’autres trop respectueuses ou ironiques… La révérence de vos filles, monsieur le chancelier, fut admirable, impeccable, d’un art achevé, et ce fut à qui bousculerait son voisin pour jouir de plus près d’un spectacle aussi charmant.

On s’attendait bien, par-ci par-là, à quelque défaillance, et toutes les têtes curieuses se penchaient pour la saisir au passage. Mais le cortège entier passa, sans que le plus léger manquement pût être relevé. Chacune de ces juvéniles révérences marqua le respect qu’on doit au chef de l’État, la gratitude qu’il convient de ressentir pour une invitation qui vous honore, et garda, cependant, je ne sais quel air de dignité, inspiré, sans doute, à ces enfants, par