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la jeune fille.

dont la perte cause tant de maux, si l’on apprenait à dompter ses nerfs ne croyez-vous pas que, du coup, on enrayerait toutes les neurasthénies futures ?

— Mon Dieu ! peut-être, me répondit-il ; mais l’éducation telle qu’on la comprend de nos jours est la véritable plaie. Elle dresse prématurément les enfants à la vanité, elle leur donne une satisfaction intense de leur personne et l’idée que leur moi est le nombril du monde. Elle les guide à travers des agitations sans nom, vers des buts puérils ; elle fausse leur jugement, elle détraque leurs nerfs, elle est orgueilleuse, elle est mensongère, elle est à grincer des dents…, pour tout dire, elle est la véritable école de la neurasthénie. Voyez-vous, fit-il en manière de conclusion, l’éducation qui ne s’appuie que sur des mots et non sur des exemples est haïssable. C’est à elle que nous devons toutes ces âmes désemparées, desséchées et désenchantées, toutes ces malades de vingt ans que leurs mères viennent, ensuite, supplier qu’on guérisse… Les pauvres petites souffrent du déséquilibre moral qui bouleverse leur maison et n’ont point d’autres maux. Du matin au soir, elles entendent des conseils merveilleusement réconfortants : « Travaille, aime la simplicité, sois bonne, rends-toi utile, fais ton devoir. » Etc… Et, du