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la jeune fille.

ni de leurs nerfs ni de leur volonté, et c’est là, justement, leur caractéristique et la raison pour laquelle ils souffrent.

— Alors, demain, je peux me réveiller neurasthénique ? demandai-je, un peu déçue.

— J’en doute, répondit-il en riant ; vous n’avez ni le regard, ni la voix, ni l’aspect du neurasthénique, et, cependant, cela pourrait vous arriver tout comme à un autre. Il suffirait, pour cela, que l’équilibre qui laisse à vos facultés leur libre jeu, leur santé, leur harmonie, soit rompu, et que, sous l’empire de quelque passion, de quelque excès ou de quelque douleur, vos nerfs prennent le pas sur votre volonté et la dominent, ou, plutôt, l’annihilent.

Et, voyant que son explication, pour entrer dans mon esprit, demandait quelque éclaircissement, il reprit :

— Supposez un homme (ou une femme, si vous préférez) mettant, dans la balance de sa vie, d’un côté un travail intensif, rien, aucun contrepoids : ni joies, ni bonheur intime, ni délassements. L’accord n’existera plus, les nerfs se déclancheront, la neurasthénie guettera sa victime… Imaginez, maintenant, le contraire : sur un plateau de la balance, un monceau de distractions : plaisirs factices, fantaisies folles ; sur l’autre : toujours rien : ni devoirs,