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méfaits de la mauvaise éducation.

— Monsieur, hasardai-je avec timidité, et seulement pour amorcer la conversation, croyez-vous que la neurasthénie soit une véritable maladie ?

Il me regarda, surpris, et répondît, un peu narquois :

— Qu’entendez-vous par « véritable maladie » ?

Rien n’est plus difficile que de formuler devant un prince de la science les traits caractéristiques d’une maladie qu’on n’a pas éprouvée et dont on constate, autour de soi, des symptômes si multiples et divers. Je pataugeai dans ma réponse et ce fut lui qui, avec bonhomie, vint à mon secours.

— Vous voudriez savoir si les malades ressentent réellement les souffrances qu’ils décrivent, ou si leur mal est seulement dans leur imagination ? si la dépression morale qu’ils subissent est due à une cause déterminée ou simplement à du vague à l’âme ?

— C’est cela. Et surtout, je voudrais savoir si un être sain d’esprit, pondéré de jugement, maître de ses nerfs, de sa volonté, peut devenir un jour, sans qu’il puisse s’en défendre, la proie de la neurasthénie, comme il l’est de la scarlatine ou de la rougeole.

Mon voisin réfléchit une seconde.

— Les neurasthéniques ne sont plus maîtres