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préface.

vous appartiennent, ne sont plus qu’un pauvre jouet cassé. Elles n’ont plus la valeur que leur prêtait votre espérance, mais seulement celle que leur donne la comparaison, et, à mesure que vous avancez dans la richesse, vos besoins, augmentés en d’étranges proportions, vous laissent plus pauvre qu’au temps de votre véritable médiocrité. Il en va souvent ainsi du bonheur. Perché trop haut, par la vanité des hommes, l’ascension en est chaque jour plus vertigineuse, et la cime en devient inaccessible.

Ah ! cousine, savoir se contenter d’un bonheur loyal, honnête, fait de tendresse, de travail, de raison et de poésie ; le reconnaître au passage, l’aimer dévotement, le cultiver comme une plante rare, le laisser croître sans hâte, l’embellir chaque jour davantage, n’est-ce point un art miraculeux ?… Et, cependant, on ne l’inculque guère aux jeunes filles. On se contente de les laisser pousser dans une atmosphère de gâteries, de flatteries, de sévérités inattendues, de veuleries subites, de conversations malsaines,