Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/104

Cette page a été validée par deux contributeurs.
88
la jeune fille.

des arbres tournant éperdument leurs branches vers nous ; des descentes à se briser la tête, terminées par des ravins profonds et des roches barrant la route. Parfois, un masque se retournait vers le fond de la voiture, lançant des indications brèves :

— Le château de Bayard.

— Où, où cela ? Où ?

Un index tendu dans un lointain vague est l’unique réponse.

Prudemment, on risque sa tête, tandis que la voiture vole et que la poussière aveuglante vous empêche de distinguer quoi que ce soit.

— Ne pourrait-on arrêter une seconde, rien qu’une seconde ?

Hélas ! peine perdue. Une Ouarante-chevaux doit à sa réputation de filer comme un météore.

— Le mont Blanc ! annonce le masque.

— Où, mais où, mon Dieu ?

L’index se dirige vers un point où le soleil est aveuglant.

— Il est splendide, aujourd’hui, ajoute le masque.

Et l’auto poursuit sa course éperdue.

Ai-je vu le mont Blanc, ou simplement la gaze flottante de mon voile, ramenée par le vent ? C’est ce que je n’oserais affirmer.