dant le précipice. Mais cela ne décourage personne.
— Comprenez-vous cela, cher monsieur : le troisième frein de sûreté qui casse !
Ce troisième frein est inexcusable, à ce qu’assurent les chauffeurs.
— C’est égal ! ajoutent-ils avec envie, si ces malheureux n’avaient pas sauté le pas, quelle belle descente !
Et c’est là toute leur homélie funèbre.
Le lendemain d’une pareille catastrophe, les autos de louage sont pris d’assaut ; c’est à qui risquera de se rompre les os.
Des amis m’ont fait l’amitié de m’inviter à une promenade dans leur Quarante-chevaux. Il s’agissait d’aller d’Uriage à Aix-les-Bains, à travers la montagne, en passant par Saint-Laurent-du-Pont, et je me promettais de cette excursion tout le plaisir qu’on peut croire. Les hommes s’armèrent de lunettes, les femmes s’encapuchonnèrent à triple voile, et l’auto partit en flèche. Il commença par glisser assez sagement, et ce fut agréable ; l’air était vif, le ciel radieux, et la verdure, le murmure des sources, l’aube matinale, répandaient sur notre course une fraîcheur délicieuse. Puis, peu à peu, la folie de la vitesse gagna notre chauffeur, et nous ne vîmes plus rien, que l’obstacle du chemin,