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la jeune fille.

Et, chose curieuse, il n’amuse plus… Les rares joueurs qui s’y essaient de bonne foi restent indifférents au « roquage », au « boulage » de leurs ennemis et laissent passer la sonnette dans tous les sens.

Le cœur n’y est plus.

La jeunesse réserve à d’autres passe-temps — au tennis, par exemple — les effervescences dont nous brûlions pour notre vieil ami le croquet. Et ne croyez pas que je veuille médire du tennis. C’est un jeu charmant. Il donne aux jeunes filles de fraîches couleurs, des mouvements souples, agiles, et ce qui n’est pas à dédaigner, il leur assure la présence des jeunes gens, trop souvent disposés à déserter leur voisinage.

Si les joueurs des deux sexes ne se croyaient pas obligés, tout le long du jour, à prononcer d’horripilants mots anglais : « Aout !… Please !… » alors qu’il serait si simple d’exprimer ces appels en honnête français, j’estimerais que le tennis eut raison de supplanter l’objet de notre faveur.

Il en va de même de la bicyclette, ce joyeux et docile instrument qui semblait avoir des ailes, avec lequel nous fendions l’espace, et qui nous donnait l’illusion de la folle vitesse. La bicyclette est honnie des gens comme il faut ; elle est tombée dans la vulgarité, dans le commun…, — comme le croquet ; — elle n’amuse plus.